La qualité de l’air intérieur (QAI) est devenue un enjeu crucial dans la conception et la gestion des grands bâtiments. Avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle directive européenne, l’importance de la ventilation et de l’inspection des systèmes de ventilation est désormais redéfinie.
Comprendre la directive européenne
La directive européenne sur la qualité de l’air intérieur ne se limite pas simplement à l’inspection des systèmes de ventilation. Elle représente une vision intégrée qui met sur un même plan la performance énergétique des bâtiments et la qualité de l’environnement intérieur.
Les bâtiments doivent désormais être conçus non seulement pour être économes en énergie, mais aussi pour garantir une qualité de l’air saine. Cela se traduit par une inspection obligatoire des systèmes de ventilation tous les trois à cinq ans, en fonction de leur capacité. Les grands bâtiments, définis comme ceux ayant un système de chauffage et de climatisation de plus de 70 kW, sont particulièrement concernés.
L’inspection des systèmes de ventilation
Un des objectifs majeurs de cette directive est de s’assurer que les systèmes de ventilation fonctionnent efficacement. Dans de nombreux bâtiments, ces systèmes sont souvent négligés, ce qui peut entraîner une mauvaise qualité de l’air. Les usagers peuvent mettre du temps à se rendre compte que le système de ventilation ne fonctionne pas correctement, contrairement aux systèmes de chauffage ou de climatisation qui se manifestent rapidement en cas de défaillance.
L’État français a donc deux ans pour se conformer à cette directive et mettre en place les réglementations nécessaires. Cela inclut l’obligation pour les propriétaires de bâtiments d’effectuer des inspections régulières, afin de garantir que les systèmes de ventilation sont bien entretenus et fonctionnent comme prévu.
Par conséquent, quels sont les nouveaux défis pour les acteurs du secteur ?
Avec l’arrivée de cette directive, les acteurs du secteur doivent s’adapter. Les fabricants de systèmes de ventilation doivent développer des produits plus facilement inspectables pour rester compétitifs. Cela signifie créer des systèmes qui non seulement fournissent une bonne qualité de l’air, mais qui sont également conçus pour faciliter la maintenance et l’inspection.
Sophie BOCQUILLON, responsable des relations extérieures chez Eurovent Certita, souligne que cette directive est une bonne chose pour l’ensemble de la population. La certification des centrales de traitement d’air, qui évalue leur performance et leur facilité d’entretien, devient un critère essentiel dans le choix des équipements.
Un autre aspect crucial de cette directive est le lien entre la performance énergétique des bâtiments et la qualité de l’air intérieur. Les systèmes de ventilation doivent être conçus pour fonctionner de manière optimale tout en minimisant la consommation d’énergie. Cela nécessite une approche réfléchie dès la phase de conception, où les critères de performance doivent être définis en fonction de l’usage des espaces.
Il est essentiel de comprendre que la qualité de l’air et la performance énergétique ne doivent pas être considérées de manière isolée. Par exemple, les critères de qualité de l’air dans un bureau, une chambre ou un local de stockage diffèrent, et ces spécificités doivent être prises en compte lors de la conception des systèmes de ventilation.
L’importance d’une approche normative
La directive européenne impose également la création de normes pour l’inspection des systèmes de ventilation. Cela inclut la nécessité de définir des protocoles d’inspection adaptés aux systèmes de ventilation intelligents, qui peuvent ajuster leurs débits en fonction de divers facteurs environnementaux tels que le CO2 ou l’humidité.
L’établissement de ces normes est un défi, car chaque système est unique. Cependant, cela souligne l’importance de concevoir des systèmes qui intègrent dès le départ des protocoles d’inspection. Cela permettra non seulement de garantir la qualité de l’air, mais aussi de faciliter les inspections et de réduire les coûts d’exploitation.
Dans les deux prochaines années, il est crucial d’informer les fabricants, les consommateurs et les professionnels du secteur sur ces évolutions réglementaires. La qualité de l’air intérieur est un enjeu de santé publique majeur, et la directive européenne représente un pas significatif vers une meilleure gestion des systèmes de ventilation dans les grands bâtiments.
En conclusion, la mise en œuvre de cette directive pourrait transformer la manière dont les bâtiments sont conçus, gérés et entretenus. Une meilleure qualité de l’air intérieur est non seulement bénéfique pour la santé des usagers, mais elle contribue également à une performance énergétique optimale, un objectif que tous les acteurs du secteur doivent poursuivre.
Invitées :
- Valérie LEPRINCE, directrice de projet QEIV chez CEREMA,
- Sophie BOCQUILLON, responsable des relations extérieures chez Eurovent Certita