Conversation entre Raphaël Besson, chercheur en innovation urbaine, basé à Madrid, Nicolas Laisné, architecte, son agence est installée à Montreuil et Guillaume Loizeaud, directeur du salon Batimat qui réunit tous les deux ans tous les acteurs du bâtiment et de l’architecture.
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Nicolas Laisné et Raphaël Besson expliquent avec talent que la contrainte est avant tout une affaire de perspective. De chaque difficulté naît une opportunité. Nicolas Laisné a bien compris que les architectes du 21ème siècle se comportent d’une manière totalement inédite. En redescendant de son piédestal, l’architecte moderne sait désormais s’entourer des bonnes personnes. Nicolas Laisné parle volontiers de son métier comme celui « d’un bâtisseur d’équipe ». Les réalisations de Nicolas Lasné (L’Arbre Blanc, L’Arboretum à Nanterre, L’Atelier de l’Arsenal à Paris, Nice Méridia …) témoignent de son projet d’ouvrir l’architecture. Pour qu’elle donne plus d’espace à tous, y compris à la nature, dans des villes toujours plus denses. Pour qu’elle intègre les nouveaux usages de la société, et leur évolution accélérée. Pour qu’elle refasse du partage de l’espace une expérience heureuse de convivialité.
Raphael Besson est docteur en Sciences du territoire. Chercheur associé au Laboratoire Pacte, directeur du bureau d’études Villes Innovations, il nous invite à repenser en profondeur la notion d’architecture et d’urbanisme. Ces dernières années, on assiste à un renouvellement profond de la façon d’envisager l’architecture et l’urbanisme, le tout dans un contexte de crise écologique globale. Nous vivons des évolutions progressives et nous devons gérer les tensions nées de ces évolutions. Notre époque voit le dépassement de l’ancien paradigme de l’urbanisme fonctionnel qui cloisonnait les espaces en fonction des usages, pour aller vers des espaces hybrides, capables de s’adapter et qui ont une capacité de résilience. Ce qui est frappant c’est l’émergence de nouveaux lieux qui mélangent les fonctions et les acteurs. On parle de lieux hybrides, de tiers lieux, d’espaces transitionnels. Au niveau de la programmation architecturale, on envisage des bâtiments et des espaces capables d’évoluer en fonction de problèmes auxquels nous serons confrontés dans 10, 15 ou 20 ans et que l’on ne soupçonne pas encore. On parle d’espaces réversibles, mutables, et si l’on pousse à l’extrême, cela peut donner des architectures de plateaux qui, en l’absence d’activité humaine, sont des lieux très vides.
Cela amène les architectes à se questionner sur la qualité des espaces qu’ils peuvent produire. Sera-t-on capable demain de différencier un centre social d’une bibliothèque ou d’un FabLab ? Dans ce moment de mutations profondes, n’y a-t-il pas le retour d’un désir d’architecture de la part des habitants et des usagers ?
- Raphaël Besson, chercheur en innovation urbaine,
- Nicolas Laisné, architecte,
- Guillaume Loizeaud, directeur du salon Batimat