En France, le secteur du bâtiment représente plus de 40% des consommations énergétiques et près de 25% des émissions de CO2 pour sa seule phase d’utilisation. A ces émissions, il faut ajouter l’impact des produits de construction et équipements du bâtiment qui représentent plus de 60% des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le cycle de vie d’un bâtiment.
La RE2020 (RE comme Réglementation Environnementale) s’inscrit dans la continuité de la réglementation actuelle concernant l’objectif de réduction des consommations énergétiques.
La RE 2020 se veut plus exigeante, en renforçant la sobriété énergétique. Les nouveaux bâtiments pourraient ainsi consommer 30 % d’énergie en moins que ceux actuels. La nouvelle réglementation prend aussi en compte le confort d’été, l’utilisation des énergies renouvelables et une performance accrue des enveloppes des logements Performance du bâti, impact carbone, méthode de calcul des consommations d’énergie et nouvelles exigences. Valérie LAPLAGNE responsable chaleur renouvelable, solaire, biomasse, pompe à chaleur chez Uniclima passe en revue tous les fondamentaux et les enjeux de cette RE 2020.
Pour aller plus loin :
La RE2020 entrera finalement en vigueur le 1er janvier 2022. Or, nous constatons que pour un grand nombre de professionnels, les principes fondamentaux et les enjeux de la RE 2020 ne sont pas encore tout à fait clairs. Nous vous proposons donc de faire un point complet sur la RE 2020.
Les chiffres de l’impact du bâtiment sur le réchauffement climatique
La RE2020 va venir remplacer la RT2012 au 1er janvier 2022 pour tous les bâtiments neufs en résidentiels. Cette évolution s’inscrit dans la volonté du gouvernement de lutter plus activement contre le réchauffement climatique.
La place du secteur du bâtiment est essentielle dans cette démarche. En effet, les relatent à eux seuls les impacts du bâtiment sur l’environnement :
- 40 % des consommations énergétiques proviennent du secteur du bâtiment ;
- 25 % des émissions de gaz à effet de serre produites par le bâtiment sont issue de la seule phase d’utilisation ;
- 60 % des émissions de CO2 générées par un bâtiment durant son cycle de vie proviennent des produits de construction et des équipements du bâtiment.
Les fondamentaux de la RE2020
La RE2020 est une réglementation environnementale.
Contrairement à la RT2012, elle ne tient pas uniquement compte de la performance thermique du bâtiment. La consommation d’énergie et les émissions carbones font partie intégrante de la nouvelle réglementation.
Elle repose sur trois piliers principaux, à savoir :
- la performance thermique et la consommation d’énergie y compris les équipements nécessaires à la vie du bâtiment ;
- l’impact carbone de la vie du bâtiment provenant de la consommation d’énergie, mais aussi des composants comme les produits de construction et les équipements du bâtiment ;
- le confort d’été qui inclut les conditions météo caniculaires.
Ce qui change avec la RE2020
Avec la prise en compte de deux nouveaux piliers – l’impact carbone et le confort d’été – la RE2020 annonce de nombreux changements par rapport à la RT2012.
Tout d’abord, si la méthode de calcul des consommations d’énergie se base sur celle de la RT2012 de nombreuses mises à jour sont prévues, notamment pour la prise en compte des surfaces et des données climatiques.
En outre, pour le besoin de froid et la consommation de froid sont pris en considération.
Concernant, le volet carbone, les consommations d’énergie sont évaluées sur les 50 ans de durée de vie de référence du bâtiment et des coefficients propres à chaque type d’énergie sont appliqués. Pour les composants, l’analyse du cycle de vie se fait selon la méthode dynamique à partir de données environnementales.
L’intégration du concept de confort d’été dans la réglementation entraîne la prise en compte d’une température d’inconfort qui est calculée selon la méthode du confort adaptatif, c’est-à-dire selon l’historique des températures intérieures.
Enfin, la qualité de l’air est aussi un point important dans la RE2020.
Ces changements engendrent nécessairement une évolution des exigences réglementaires pour la construction de bâtiments résidentiels. Nous pouvons citer par exemple :
- le renforcement de la performance de l’enveloppe de 30 % en moyenne ;
- un écart de 20 à 30 % sur les seuils de consommation d’énergie qui incite à recourir aux énergies renouvelables ;
- les seuils carbone diffèrent pour les maisons individuelles et les logements collectifs.
Les conséquences de l’entrée en vigueur de la RE2020
Au regard des changements que nous venons d’évoquer, l’entrée en vigueur de la RE2020.
Par exemple, les seuils acceptés pour les émissions carbones impactent directement l’utilisation des énergies fossiles. Ainsi, la chaudière à gaz dans les maisons individuelles ne sera plus possible, et pour les logements collectifs le gaz seul ne sera plus autorisé dès 2025. Les solutions hybrides ont donc vocation à se développer.
De même, le recours à des fluides frigorigènes à faible impact va se répandre.
Mais l’entrée en vigueur de la RE2020 peut aussi avoir des conséquences négatives comme le risque accru d’installation de climatisations non conformes du fait de la prise en compte d’une consommation forfaitaire de froid pour le confort d’été.
D’autre part, l’innovation telle que prise en compte dans la RT2012 n’existera plus. Tous les titres 5 de la RT2012 ne sont pas repris dans la RE2020 et le flou subsiste quant aux nouvelles procédures et aux coûts attachés.
Les fondamentaux et les enjeux de la RE2020 sont connus. Mais certains ajustements et éclaircissements restent à apporter d’ici l’entrée en vigueur au 1er janvier 2022.