Concernant l’importance des métiers du bâtiment et de son attractivité :
Nous avons besoin de 900 000 artisans et ouvriers du bâtiment en plus pour répondre aux enjeux de la rénovation énergétique en France et de la construction durable. Dans l’équation à 2050, le facteur productif n’est pas au rendez-vous, or nous avons un véritable souci d’attractivité des métiers du bâtiment. Il faut organiser une task force, un Grenelle pour valoriser notre filière, changer notre image. Des métiers comme la cuisine ou la pâtisserie, la maroquinerie ou la tapisserie ont changé de statut, d’image. La mécanique aéronautique a une image de premier ordre. Il faut que nous nous inspirions des réussites. Mettre en valeur les meilleurs, faire des stars et montrer à la jeunesse et surtout aux parents que le bâtiment est le métier du 21e siècle et que les métiers de l’industrie carbonée sont aujourd’hui dépassés. Le statut de l’agriculteur ou de l’apiculteur est aussi en train de changer. Ils attirent de plus en plus de cadres qui souhaitent vivre au contact de la nature et contribuer au changement de société, à la transition vers l’écologie, la nature, le bio… La RE2020 qui va mettre en avant les matériaux biosourcés et géo-sourcés va systématiquement faire appel à des gens de métier plus qualifiés. Le virage est programmé. La communication doit suivre.
Concernant la semaine internationale :
Ce que l’on peut tirer de cette semaine, c’est la mobilisation générale de tous les types d’acteurs au plan international. Qu’ils soient financiers, politiques, entrepreneurs, dirigeants d’ONG ou d’associations, ingénieurs, architectes, le monde de l’immobilier ou du bâtiment est mobilisé. Autrement dit, tous sont conscients de l’importance d’agir. Il faut simplement et désormais passer de l’exemple à la généralité, du particulier à l’universel. Il manque encore des pièces dans l’échiquier. Les décideurs sont souvent peu concret faute de connaissance de l’ensemble de l’écosystème. Ou encore : il ne porte pas l’intérêt sur les vrais sujets de blocage. En particulier. La formation et de la mise en valeur de l’acteur clé, de celui qui fait. De celui qui est en première ligne ou en seconde ligne. Et c’est universel. En tout état de cause, la mobilisation de l’intelligence collective est le moteur de la stratégie vers la neutralité carbone. Nous sommes tous globalement concernés pour agir localement le plus efficacement possible. C’est un changement de culture, d’éducation. La culture des pays du Nord doit évoluer, changer de cap afin de répondre aux enjeux qui sont universels.
Un dernier mot pour les jeunes qui s’engagent dans le secteur du bâtiment ?
Je souhaite dire qu’entrer en apprentissage d’un métier manuel, est une chance ontologique qui permet d’atteindre des objectifs de carrière très intéressants tout en ayant la connaissance de tous les engrenages de l’écosystème qui se dessine. Plus frugal, plus technique, plus écologique et moins gaspilleur. Autrement dit plus spirituel…
Marjolaine Meynier-Millefert : Députée, vice-présidente de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, présidente de l’Alliance HQE-GBC
Dominique Naert : Directeur du Mastère Immobilier et Bâtiment Durables (École des Ponts ParisTech)