Marjolaine Meynier-Millefert reçoit Yamina Saheb

Yamina Saheb est Chercheuse associée à l’Université de Münster et auteur principal du rapport en préparation du GIEC.

Yamina Saheb a récemment publié une étude pour savoir comment intégrer la précarité énergétique combinée logement et mobilité dans les instruments politiques Européens et nationaux et en présente les principaux apports.

L’étude montre que les instruments politiques de l’UE intègrent la lutte contre la précarité énergétique dans le logement. Toutefois, l’objectif n’est pas de l’éradiquer, mais juste de l’atténuer. En ce qui concerne la précarité des mobilités, elle ne figure dans aucun instrument de l’UE. Pourtant, les ODD, qui ont été ratifiés par tous les pays de l’UE ont pour objectif (ODD 1) d’éradiquer tous types de pauvreté. Cette incohérence entre nos engagements internationaux est assez troublante. Côté Français, nous sommes plutôt bon élève sur la mise en place de moyens, mais les résultats ne sont pas là et je doute qu’ils soient là un jour.

L’une des conclusions principales de cette étude réside dans l’importance et le rôle des politiques d’aménagement du territoire dans le déclenchement de cette double précarité qui existe, mais personne n’en parle malgré l’expérience malheureuse du mouvement des gilets jaunes qui risque d’être étendue à toute l’Europe si la proposition de la CE d’étendre la directive sur les quotas carbone au logement et au transport passe.

En tant que membre du GIEC, pourriez-vous nous expliquer vers quel monde nous allons, et plus précisément, nous parlons souvent de la nécessité d’avoir des bâtiments résiliants, mais résiliants à quoi ?

Les politiques climatiques d’aujourd’hui nous conduiront vers un monde de plus de 3°C. Dans ce monde, les évènements extrêmes de cet été seront plus fréquents et plus intenses. Le nombre de réfugiés climatiques augmentera en exponentiel car de nombreuses régions dans le monde et même en Europe vont devenir invivables.

Préparer les bâtiments au climat de demain est une nécessité et je dirais une obligation pour les gouvernements. Repenser le bâti pour le rendre résilient à l’augmentation inévitable des températures en intégrant dès maintenant des solutions de rafraichissement car les humains peuvent mourir de chaleur