« Au rythme actuel il faudrait à la France plus de 4 siècles pour atteindre l’objectif de la stratégie nationale bas carbone. » Agir pour le climat n’y va pas par quatre chemins dans le constat que l’association dresse. Lucas Chabalier son responsable plaidoyer rappelle qu’aucun pays n’est dans les clous. Pourtant l’Etat français a pris à bras le corps le sujet de la rénovation énergétique. Elle s’inscrit totalement dans cette stratégie détaillée par Alé Sall, chef de projet coordination interministérielle rénovation des bâtiments au ministère de la transition écologique. Le 1er janvier France Rénov a vu le jour. Selon lui ce service public doit permettre un déploiement plus massif avec mon accompagnateur Rénov dans le sillage du succès de MaPrimeRénov.
Mais Lucas Chabalier estime qu’il faudrait aller bien plus vite « Les gouvernements dépensent déjà des milliards d’euros pour une rénovation dite « énergétique » c’’est juste de la maintenance »
Pour Pierre Maillard PDG du groupe HELLIO il y a encore beaucoup trop d’interrogations sur le rôle de chacun. Qui est réellement habilité à accompagner les foyers ? Très peu d’acteurs ont ses compétences. Il faut des gens agréés par l’Etat. Le gouvernement avait d’ailleurs mis en consultation jusqu’au 25 février le projet de décret sur le dispositif d’accompagnement destiné aux ménages bénéficiaires de MaPrimeRénov’. Les décisions seront prises prochainement sur les modalités d’application. Alé Sall explique que le texte doit être publié d’ici la fin de la mandature. « On l’a fait évoluer pour préciser les exigences en matière de compétences des accompagnateurs »
Autre enjeu majeur pour massifier la rénovation, la formation. C’est là que le bât blesse. Pour Lucas Chabalier, il faut que les plans de relance fournissent des moyens conséquents en termes de formation dans une optique de rénovation globale performante . On est encore loin du compte pour Fabrice Yeghiayan directeur national du développement de l’Afpa qui part du constat que les artisans n’ont pas la même approche que les architectes sur ces sujets. Il est très compliqué de faire évoluer les méthodes constructives. « On doit pouvoir contextualiser la rénovation énergétique mais l’exercice n’est pas simple. » Il pointe le marque de formation spécifique et de labellisation. Pour Pierre Maillard il y a un réel sujet RH : comment on réoriente les gens ? La reconversion vers ces métiers là est un levier.
Autre clé pour l’accélération d’une rénovation globale : le financement . Ce n’est pas seule que la puissance publique peut y parvenir. Selon Lucas Chabalier il faut réfléchir à la manière dont l’argent est utilisé. « Les banques privées commerciales seraient les acteurs les plus adaptés pour que les propriétaires rénovent. » La tâche est lourde mais des solutions peuvent être mises en place
Fabrice Yeghiayan estime que l’on fait de la rénovation énergétique une question de loi mais il faudrait pouvoir la rendre plus belle pour qu’elle n’apparaisse pas comme une contrainte.
Au final tous s’accordent pour dire que la dynamique est enclenchée. Mais est-elle assez rapide pour un défi aussi grand ?
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- Lucas CHABALIER, Responsable plaidoyer, Agir pour le climat
- Pierre Maillard, PDG du groupe HELLIO
- Fabrice YEGHIAYAN, Directeur national du développement & solutions clients chez AFPA
- Alé Sall, Chef de projet – Coordination interministérielle, Plan de Rénovation Énergétique des Bâtiment, Ministère de la Transition écologique