Marjolaine Meynier-Millefert reçoit Jean Philippe ARNOUX

L’accessibilité est une question importante car elle est au cœur des défis de Responsabilité Sociale, Sociétale et Environnementale que nous avons à relever dans notre façon d’aborder l’Habitat de demain. Et c’est bien sur notre impact sociétal que je veux insister.

Le secteur du bâti fait face à d’énormes défis au premier rang duquel la transition énergétique et l’économie circulaire, afin de décarboner au maximum nos lieux de vies de demain.

Cet enjeu climatique se double, sans qu’on s’en aperçoive réellement au quotidien, d’un défi démographique avec le vieillissement de la population française qui va générer de nouveaux besoins dans l’habitat. Si le défi climatique est essentiellement technique, des solutions technologiques à adapter aux bâtiments, le défi démographique est éminemment humain, transversal à de nombreux secteurs d’activités, tiraillé entre de nombreux ministères sans réelle tutelle donc finalement presque transparent.

Or, nous le savons aujourd’hui, nous avons déjà accumulé de retard sur le périmètre du Handicap pur, et qui concerne 600 000 personnes pour le Handicap Moteur, et nous allons devoir faire face à des besoins d’adaptation du logement pour plus de 6 millions de personnes de 75 ans et plus dans les 10 ans à venir. La barre du défi est donc très haute.

Enquête après enquête, la réponse des Français est invariable : plus de 80% d’entre eux souhaitent vieillir chez eux et nous le comprenons. Il va donc nous falloir redoubler d’efforts en termes de messages de prévention, de formation des artisans du bâtiment, d’innovations chez les industriels avec le relais des distributeurs pour courir ce sprint !

Nos anciens vivent souvent dans des logements anciens et constituent le gros des propriétaires des 26 millions de logements inadaptés mais également ne correspondant pas aux critères de performance énergétique actuels. Et d’ailleurs, dans de nombreux cas pour les populations modestes et très modestes, c’est la double peine entre précarité énergétique et, le moment venu, un logement dangereux. C’est ensuite une question plus sociologique où nous voyons les jeunes générations plus sensibilisées aux enjeux écologiques et climatiques mais aussi en quête de sens bien plus humains et moins matérialistes au premier rang desquels l’Humain, la famille, le besoin d’être utile. L’univers de la Silver Economie fourmille de startup portées par de jeunes entrepreneurs qui certes créent une entreprise avec l’espoir de réaliser des profits mais ce n’est pas leur principal moteur. Enfin, l’enjeu est colossal pour les établissements recevant des personnes âgées à la fois pour les résidents eux-mêmes qui sont très sensibles aux variations de températures et notamment les canicules, mais aussi pour la gestion même de ces établissements où la facture énergétique promet de s’envoler pour les besoins de confort d’été et d’hiver, ce à quoi le Gouvernement a commencé à répondre à travers le plan France Relance et le Ségur de la Santé.

L’important est notre prise de conscience collective sur un regard plus global, à 360°, sur les besoins du bâti lui-même mais aussi les habitants qui y passent plus de 80% de leur temps tout au long de leur vie.

La rénovation énergétique est essentielle pour le changement climatique, il n’y a aucun doute là- dessus. C’est un long marathon que nous avons engagé il y a plus de 20 ans, avec plus ou moins de succès.

Mais la transition démographique va être un véritable sprint et va avoir des impacts énormes sur les finances publiques, notamment en termes de besoins de santé. C’est déjà le cas avec plus de 2 milliards d’euros de dépenses engloutis pour les seules chûtes des personnes âgées, en n’oubliant pas de parler des presque 10 000 morts annuels, qui sont déjà en soin un défi de santé publique au même titre que la sécurité routière. Donc oui, prendre le bâti en silos fait que nous aurons toujours un temps de retard sur le mutations sociétales qui nous attendent. A ce stade, nous pourrons aussi ajouter la transition numérique et le besoin de mieux connecter les logements car qui dit vieillissement de la population dit explosion de la consommation en matière de santé, secteur donné en position numéro 1 dans toutes les études prospective de la Silver Economie. Ceci ne sera pas tenable en l’état actuelle de notre système de santé donc des secteurs comme la télémédecine vont devenir cruciaux donc le logement de chacun devra presque devenir la salle d’attente du médecin généraliste notamment pour toutes les actes de médecine de suivi ou de routine. Dès lors, la connectivité des logements notamment en réseaux Voix Données Images devient impérative.