La réversibilité des bâtiments est l’un des enjeux majeurs pour l’avenir du bâtiment. Bon exemple, le projet de réhabilitation de deux immeubles de bureaux en logement, au 58 et 66 rue de Mouzaïa, Paris 19ème, racheté par la RIVP à la ville de Paris en 2015. D’abord usine à coudre, puis locaux de la DRASS et enfin squat d’artistes et centre d’hébergement d’urgence, le site a déjà connu de profondes mutations dans les usages avant d’être réhabilité.
La ville de Paris qui voulait conserver et transformer le bâtiment est à l’origine du projet . Comme le précise Eve Schadek cheffe de projet au sein du RIVP-DC3 la mairie a pensé à la RIVP car dans le PLU le logement social devait être valorisé. Elle reconnait que le projet coûtait bien plus cher que le neuf et n’aurait pas pu voir le jour sans le dispositif Duflot avec une décote importante.
Pour ce projet, les façades ont été conservées et les structures mises à nues, détaille Patrick Rubin architecte co-fondateur de CANAL ARCHITECTURE. Il a fallu notamment réparer et nettoyer les bétons, ce qui demande une bonne connaissance des éléments existants à conserver. Sandrine Chabrier chargée d’affaires CVCD-PLB au sein du bureau d’études Espace Temps détaille les enjeux thermiques : dans ce bâtiment patrimonial il a fallu jouer sur les murs par une isolation par l’intérieur. « Nous avons aussi dû faire avec les contraintes du système énergétique , nous étions loin d’un réseau de chaleur et la géothermie n’était pas possible avec un sol un peu instable. Le choix s’est donc porté sur le gaz avec récupération de chaleur sur les eaux grises. « Il s’agissait aussi de limiter les charges des locataires », ajoute Eve Schadeck. Un point d’attention a été porté sur le confort d’été, sujet particulièrement important pour un immeuble situé en milieu urbain dense. Le bâtiment mise sur une approche passive : installation d’un manteau thermique performant, toiture végétalisée ou encore pose de persiennes et de stores extérieurs pour garantir le confort thermique. Il a obtenu la labellisation Cerqual.
Patrick Rubin travaille sur d’autres bâtiments réversibles notamment à Marseille. Eve Schadeck précise que ce type d’opérations devrait se développer dans les prochaines années.
- Patrick Rubin, Architecte, Co-fondateur de Canal architecture
- Sandrine CHABRIER, Chargée d’affaires CVCD-PLB de BET Espace temps
- Eve Schadeck, directrice de la construction de DC3.